Feeds:
Articles
Commentaires

Posts Tagged ‘surdouance’

Quand on parle de précocité, une phrase s’impose dans la tête des gens : tout le monde croit que son enfant est un petit génie, normal, notre enfant sera toujours le « plus mieux de tous les autres » !

Mais quand on y regarde de plus près, voire quand on a carrément le nez « dedans », on se rend compte que de poser un diagnostique fiable et précis, ça n’est pas si facile que ça, voire carrément le parcours du combattant, chacun (enseignants, psychologue scolaire, psychiatre…) y mettant son petit grain de sel. On comprend vite aussi qu’il y a autant de types de précocités (ou surdouance, ou hauts potentiels intellectuels) qu’il y a de personnes à haut potentiel, donc qu’il n’y a pas un profil type qui permettrait d’écarter tout doute ou de mettre tous les « surdoués » dans le même panier. (Petite parenthèse d’ailleurs à ce sujet, c’est également la raison pour laquelle je préfère parler de haut potentiel intellectuel plutôt que de surdouance ou précocité, car il s’agit bien d’un potentiel, qui varie selon chaque individu concerné et qui est exploité ou non par celui-ci de la manière la plus adéquate pour lui ! Fin de parenthèse…)

Donc ! Le journal belge La Libre parut le 7 décembre 2012 a publié un article intitulé « Pas si simple d’identifier un haut potentiel ». En premier lieu il indique la tenue d’une conférence animée par le Pr Jacques Grégoire au sujet des difficultés rencontrées lors du diagnostique de haut potentiel et des multiples facettes de la personnalité et de l’intelligence qu’il faut prendre en compte afin d’approcher au plus près de la réalité de ce potentiel. Cette conférence a eut lieu en Belgique (forcément !) mardi dernier (4 décembre 2012) et il semblerait qu’elle a eut beaucoup de succès et qu’elle était fort intéressante, ce dont je ne doutais pas une seconde bien entendu. J’avoue aisément être bien jalouse d’une de mes connaissances qui a pu y assister, mais bon, on ne peut pas être partout à la fois !

Trèves de plaisanteries, cet article nous livre quelques pistes de réflexions menées par le professeur Jacques Grégoire lors de sa conférence, et qui mérite qu’on s’y intéresse. Je cite :

« Le développement ces dernières années de tests d’intelligence permettant de mesurer une palette d’aptitudes de grande amplitude, en plus du traditionnel QI, a remis en cause nos pratiques d’identification du haut potentiel. Des tests comme le WISC-IV ou le KABC-II  mettent aujourd’hui en évidence des profils hétérogènes chez de nombreux enfants antérieurement identifiés comme à haut potentiel sur la base de leur seul QI. Parallèlement, les modèles récents du haut potentiel soulignent l’importance de caractéristiques non intellectuelles comme la motivation ou la créativité. Cet élargissement du tableau psychologique associé au haut potentiel remet en question les critères diagnostiques classiques et laisse certains praticiens perplexes et désemparés. »

Mais qu’est-ce que donc que cela veut-il dire, hein ?

Tentons de vulgariser un peu. Monsieur X passe un test traditionnel de QI, nommé WISC-IV pour les enfants ou WAIS-IV pour les adultes. Il obtient un haut « score ». Auparavant, cela aurait suffit à dire qu’il était à haut potentiel, sans fouiller en quoi exactement il était bon ou mauvais, sans NUANCER le résultat. Quelqu’un ayant des résultats à peu près égaux dans les différents subtests était considéré de la même manière que quelqu’un ayant des résultats très hétérogènes dans ces subtests. Que cette personne ait bien réussi dans un état d’esprit normal (motivation, confiance en soi, créativité) ou qu’elle ait eut le même score dans un état d’esprit différent (manque de confiance en soi, de motivation) ne changeait pas la donne.

Aujourd’hui, du moins pour les psys et neuropsys qui cherchent à améliorer la justesse de leurs diagnostiques, il est possible de beaucoup plus affiner les résultats, les décrypter afin d’aider Monsieur X à mieux comprendre son fonctionnement et donc cheminer dans une meilleure gestion de ses particularités. On sait maintenant qu’une personne ayant des résultats très hétérogènes lors du test méritera que l’on fouille (via des subtests spécifiques) afin de savoir ce qui fait que certains points sont très forts et d’autres pas. On peut donc désormais diagnostiquer en même temps qu’un haut potentiel, un trouble de l’attention, de la mémoire, un dysfonctionnement cognitif (dyslexie, dyspraxie…) ou autres choses expliquant tout ou partie de cette hétérogénéité. On nuance également les résultats en fonction de l’état d’esprit de la personne, et sa personnalité en général. C’est pourquoi, si l’on veut un meilleur reflet de son potentiel intellectuel, il est recommandé aujourd’hui de passer également un bilan affectif, qui permet au psy/neuropsy de mieux comprendre le fonctionnement de la personne concernée, sa gestion de ses spécificités, comment elle compense un éventuel profil hétérogène, ou ce qui pourrait expliquer qu’une personne diagnostiquée à haut potentiel intellectuel n’utilise pas ce potentiel (si par exemple elle souffre de fortes angoisses ou d’inhibition intellectuelle).

Cette possibilité de nuancer, d’apporter des explications aux résultats, de mieux comprendre les mécanismes de l’intelligence pure mais aussi affective, permet de mettre au jour le véritable potentiel d’une personne, même si celui-ci sommeille encore en elle. Ces nouvelles « considérations » permettent de cerner ce qui éventuellement empêche le potentiel de s’exprimer complètement et parfois il est possible de mettre en place des outils de rééducation (des troubles de l’attention, des troubles dys et de la mémoire) mais aussi un travail psy pour gagner en confiance en soi, vaincre ses angoisses et autres afin de mieux appréhender son mode de fonctionnement et pouvoir se découvrir, se comprendre, s’accepter et aller de l’avant.

Read Full Post »